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Cahier des plaintes, doléances et remontrances
de la paroisse de Saint-Martin-le-Beau
aux Etats généraux de 1789




Ce cahier, qui n'est qu'une copie de celui adressé à l'assemblée de Tours, expose ainsi les doléances, plaintes et remontrances de la paroisse de Saint-Martin-le-Beau :

Cette paroisse paie d'abord les tailles, accessoires, droits et autres sur les vins, une somme de 10.153 livres 8 sols, puis encore 2.959 livres 11 sols pour le vingtième, sans compter encore d'autres droits pour les eaux-de-vie qui se fabriquent dans le bourg de la dite paroisse.

Elle produit du vin blanc, mais d'une qualité médiocre, comme aussi quelques grains et même du foin. Mais, parcequ'ils sont situés sur les rives du Cher, ils se trouvent exposés aux inondations et aux désastres qui en sont les conséquences. D'autre part, les vignes étant sujettes aux gélées, attendu leur exposition, celles du très rude hiver qui vient de finir " oste l'espérance de toute récolte pour plusieurs années ".

La paroisse expose encore que même lorsque la récolte des vins est passable, les habitants peinent à en trouver le débit et la vente par la raison que les environs fournissent des vins de qualité supérieure et qu'ensuite les chemins, pour en faire le transport, sont rompus et en très mauvais état. De même elle fait aussi observer que, dans cette triste position, elle n'en paie pas moins au Roi les sommes ci-dessus détaillées, sans parler de la gabelle et de tous les autres droits.

C'est pourquoi les habitants de Saint-Martin-le-Beau osent présenter :

1° Qu'ils désireraient que l'imposition fût diminué et répartie également sur tous ceux qui possèdent des biens-fonds, attendu :

  • Que les habitants qui paient tous les impôts ne possèdent " qu'un tiers de leur territoire ".
  • Que les deux autres tiers, dont l'un tout en bois, appartiennent, pour le premier, à M. le duc de Penthièvre, et, pour le second, aux gentilshommes et autres, qui ne paient aucun impôts.
  • Qu'on les délivrât du droit d'inventaire, de la gabelle, des aides et de la corvée qui n'est faite que pour ceux de la campagne, déjà surchargés d'imposition.
  • Qu'on voulût bien réparer les chemins pour aller à Tours, Amboise, Cormery, etc.
  • Que l'on établit une levée ou digue contre les inondations et les fréquents débordements du Cher.
  • Que l'on abrège les procédures, que l'on diminue les frais de justice et supprime les jurés-priseurs.
  • Que, suivant les intentions du Roi du 27 décembre 1788, les ministres soient responsables pour tout ce qui regarde leur administration et qu'aucune imposition ne soit établie que par les Etats généraux.
  • Que les délibérations y soient prises en commun et que les voix " y soient comptées par tête ".
  • Que les impôts soient répartis entre tous les citoyens sans distinction, ni privilèges, mais seulement en raison des propriétés de chacun.
  • Que la paroisse ne possédant ni foires, ni marchés, ni assemblées, il serait nécessaire d'en établir, attendu l'importance du lieu.
  • Qu'enfin les habitants désireraient qu'on les délivrât du gibier et des pigeons à cause des dégâts qu'ils commettent et qu'on renouvelât aux seigneurs des fiefs et gentilshommes les défenses de chasser dans les terres ensemencées, ainsi que dans les vignes dans les temps prohibés.

Ce 1er mars 1789

Signé : PETIT, greffier

Et à la suite, voici le procès-verbal, en date du même jour, lequel, en attestant que les formalités relatives à la rédaction du cahier ci-dessus ont été régulièrement remplies, atteste de même que les sieurs Antoine Vernon, marchand ; Antoine Capillon, ancien syndic, et François Régnier ont été désignés, comme députés pour se rendre à Tours le 9 mars présent mois, et y présenter le dit Cahier à l'assemblée devant s'y réunir pour cet objet.

Signé : Renier, Renault, Briau, Capillon, Girard , Badier, Léonais (sic: Léoman) curé de Saint-Martin-le-Beau, etc.


D'après le relevé de T. MASSEREAU.
(I) Analyse détaillée, Commune du canton d'Amboise, arrondissement de Tours