Ce cahier, qui n'est qu'une copie de celui adressé
à l'assemblée de Tours, expose ainsi les doléances,
plaintes et remontrances de la paroisse de Saint-Martin-le-Beau :
Cette paroisse paie d'abord les tailles, accessoires, droits et autres sur
les vins, une somme de 10.153 livres 8 sols, puis encore 2.959 livres 11
sols pour le vingtième, sans compter encore d'autres droits pour les
eaux-de-vie qui se fabriquent dans le bourg de la dite paroisse.
Elle produit du vin blanc, mais d'une qualité médiocre, comme
aussi quelques grains et même du foin. Mais, parcequ'ils sont situés
sur les rives du Cher, ils se trouvent exposés aux inondations et
aux désastres qui en sont les conséquences. D'autre part, les
vignes étant sujettes aux gélées, attendu leur exposition,
celles du très rude hiver qui vient de finir " oste l'espérance
de toute récolte pour plusieurs années ".
La paroisse expose encore que même lorsque la récolte des vins
est passable, les habitants peinent à en trouver le débit et
la vente par la raison que les environs fournissent des vins de qualité
supérieure et qu'ensuite les chemins, pour en faire le transport,
sont rompus et en très mauvais état. De même elle fait
aussi observer que, dans cette triste position, elle n'en paie pas moins
au Roi les sommes ci-dessus détaillées, sans parler de la gabelle
et de tous les autres droits.
C'est pourquoi les habitants de Saint-Martin-le-Beau osent présenter
:
1° Qu'ils désireraient que l'imposition fût diminué
et répartie également sur tous ceux qui possèdent des
biens-fonds, attendu :
-
Que les habitants qui paient tous les impôts ne possèdent "
qu'un tiers de leur territoire ".
-
Que les deux autres tiers, dont l'un tout en bois, appartiennent, pour le
premier, à M. le duc de Penthièvre, et, pour le second, aux
gentilshommes et autres, qui ne paient aucun impôts.
-
Qu'on les délivrât du droit d'inventaire, de la gabelle, des
aides et de la corvée qui n'est faite que pour ceux de la campagne,
déjà surchargés d'imposition.
-
Qu'on voulût bien réparer les chemins pour aller à Tours,
Amboise, Cormery, etc.
-
Que l'on établit une levée ou digue contre les inondations
et les fréquents débordements du Cher.
-
Que l'on abrège les procédures, que l'on diminue les frais
de justice et supprime les jurés-priseurs.
-
Que, suivant les intentions du Roi du 27 décembre 1788, les ministres
soient responsables pour tout ce qui regarde leur administration et qu'aucune
imposition ne soit établie que par les Etats généraux.
-
Que les délibérations y soient prises en commun et que les
voix " y soient comptées par tête ".
-
Que les impôts soient répartis entre tous les citoyens sans
distinction, ni privilèges, mais seulement en raison des
propriétés de chacun.
-
Que la paroisse ne possédant ni foires, ni marchés, ni
assemblées, il serait nécessaire d'en établir, attendu
l'importance du lieu.
-
Qu'enfin les habitants désireraient qu'on les délivrât
du gibier et des pigeons à cause des dégâts qu'ils commettent
et qu'on renouvelât aux seigneurs des fiefs et gentilshommes les
défenses de chasser dans les terres ensemencées, ainsi que
dans les vignes dans les temps prohibés.
Ce 1er mars 1789
Signé : PETIT, greffier
Et à la suite, voici le procès-verbal,
en date du même jour, lequel, en attestant que les formalités
relatives à la rédaction du cahier ci-dessus ont été
régulièrement remplies, atteste de même que les sieurs
Antoine Vernon, marchand ; Antoine Capillon, ancien syndic, et François
Régnier ont été désignés, comme
députés pour se rendre à Tours le 9 mars présent
mois, et y présenter le dit Cahier à l'assemblée devant
s'y réunir pour cet objet.
Signé : Renier, Renault, Briau, Capillon, Girard , Badier, Léonais (sic: Léoman)
curé de Saint-Martin-le-Beau, etc.
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